Les lanceurs d’alerte compulsifs n’ont curieusement pas encore franchement annoncé une épidémie de fièvre Ébola en France pour cet hiver. Rassurons-nous, ça ne va plus tarder et la psychose devrait monter en puissance dès l’apparition de la grippe saisonnière.
Les premiers symptômes des deux maladies sont en effet assez voisins et des virologues très respectables envisagent sérieusement que de nouveaux cas d’Ébola soient importés en France avant le début de l’hiver. Avec une période d’incubation allant de 3 jours à 3 semaines, le terrible virus pourrait bien alors compter quelques transmissions domestiques, comme cela vient de se passer en Espagne.
A voir les premiers signes déjà constatés dans l’école Ancienne Mairie de Boulogne-Billancourt, où des parents refusent d’envoyer leurs enfants parce qu’un élève arrive de Guinée, on imagine la panique dans le métro, les crèches, les entreprises, les lieux de santé dès qu’un individu aura la mauvaise idée de dépasser une température de 38,5° ou digèrera mal un œuf coque.
On voit d’ici la course à l’antiviral Avigan, le traitement qui a guéri l’infirmière de MSF et qui était d’ailleurs à l’origine destiné à lutter… contre la grippe. Cela nous rappellera le bon temps du H1N1, lorsque les familles CSP+ faisaient la chasse au Tamiflu.
Coucou, fais-moi peur ! Fort heureusement, même les plus pessimistes de nos professeurs de médecine catastrophistes n’envisagent pas qu’une épidémie telle qu’elle se développe en Afrique de l’Ouest actuellement s’étende à nos contrées au système de santé, certes critiqué mais infiniment plus performant.
Comme il est probable que certains cas de fièvre intense mais banale feront quand même l’objet de suspicion, au moins la campagne de vaccination antigrippale que la Sécu s’apprête à relancer avec une discrétion qui frôle désormais le ridicule, en sera-t-elle peut-être aidée. Elle en a sacrément besoin car le taux de couverture est tombé au-dessous de ce qu’il était il y a 5 ans dans toutes les tranches d’âge. Chez les 65 ans et plus, catégorie la plus concernée [et pour laquelle la vaccination est totalement gratuite] on est passé de 65% en 2008 à tout juste 52% l’an dernier.
Et ça, ça peut – aussi - légitimement faire peur. Toute proportion gardée bien sûr.
Jacques DRAUSSIN