Acides gras Y a bon, Oméga !
Un nom qu’envierait n’importe quel produit au marketing bien ciselé, de réels atouts pour la santé et un surf spectaculaire sur le nutritionnellement correct. Décidément, les oméga ont tout bon.
Si vous avez échappé au cours de ces dernières années à l’éloge des oméga, c’est sans doute que vous avez vécu en ermite, hors du monde et de ses turpitudes. Car à ce stade d’engouement, ce n’est plus une vague fashion qui déferle, c’est un tsunami…
Si le phénomène est puissant, il aura pourtant mis un bon bout de temps à se déclencher et l’attrait récent que nous inspirent les frères jumeaux des acides gras essentiels, oméga 3 et oméga 6, ne doit en réalité rien à la mode. Sans transformer votre magazine préféré en historien des lipides, la saga des oméga mérite quand même d’être évoquée. Une tranche de culture digeste, ça ne se refuse pas.
Sur la trace des oméga
Nos amis les oméga n’ont pas toujours été des vedettes de l’abondance alimentaire et de la consommation débridée. En 1930, alors que la grande dépression économique commence à produire son onde de choc et que se nourrir – même mal - devient une préoccupation quotidienne, deux scientifiques américains, Burr et Evans, vont pourtant faire la découverte qui nous bouleverse tant aujourd’hui…
Certaines graisses, bien spécifiques, sont indispensables à la vie et le corps ne sait pas les fabriquer. Nos deux découvreurs les nomment alors Vitamines F mais il s’agit bien des acides gras essentiels oméga 3 et oméga 6.
Beaucoup plus tard, en 1958, le professeur Ancel Keys, accompagné d’une équipe internationale, se lance dans une véritable enquête au long cours. Pendant plus de 10 ans, ces scientifiques vont observer les modes de vie et d’alimentation de milliers de personnes à travers le vaste monde.
Esquimaux à volonté
Dès 1970, la formidable longévité des paysans de l’île de Crète est clairement attribuée à leur régime alimentaire (le fameux « régime crétois » !). Son originalité tient presque entièrement à ses nombreuses sources d’oméga 3. Œufs, pourpier, huile de noix, poissons, viande d’oie, de lapin, escargots, etc. en fournissent il est vrai abondamment.
Bien loin de la Crète et de sa douceur climatique, les rudes Esquimaux du Groenland font également preuve d’une résistance exceptionnelle aux maladies cardiovasculaires.
Un moment évoqué, le facteur génétique est rapidement abandonné (les Esquimaux émigrés à Copenhague meurent autant d’infarctus que le Danois moyen) et c’est la piste du poisson qui s’avère être la bonne. Les Esquimaux en consomment en effet une quantité conséquente. Bonne pioche : les vertus cardioprotectrices des oméga 3 contenus dans les graisses animales du poisson et du phoque sont démontrées.
Deux scientifiques japonais vont, de leur côté, s’intéresser à l’archipel d’Okinawa, qui compte un nombre de centenaires inhabituel. Là encore, le faible taux de maladies cardiovasculaires se combine avec une consommation élevée de poisson et de plusieurs sources naturelles d’oméga 3.