Ethique en toc
Le résultat d’une telle offre de choix scientifique vers l’enfant parfait porte un nom, quelles que soient les motivations humanistes dont on l’habille, c’est l’eugénisme.
Claude Allègre, dans son dernier livre (La science est le défi du XXIe siècle) se montre plus convainquant sur le sujet que sur celui du réchauffement climatique. Il envisage le cas de figure parfaitement plausible dans lequel on réalise in vitro dix fécondations d’ovules d’une femme avec dix spermatozoïdes d’un homme. Les embryons commencent à se développer et on entreprend sur chacun une analyse génétique. L’un aura peut-être les yeux bleus, un autre marron. Un troisième pourra être brun aux yeux bleus mais sera porteur d’un gène prédisposant à la maladie de Parkinson. Sur simple décision du couple, on pourra choisir l’enfant « parfait », correspondant aux attentes précises des parents, quitte à risquer un procès si le résultat devait ne pas être conforme à la commande…
Les plus pessimistes (les plus réalistes ?) envisagent une société au choix permanent. Imaginons d’ajouter la technique de sélection par la génétique aux CV des candidats à un poste dans une entreprise et notre univers deviendra invivable.
« Il restera toujours l’amour », direz-vous, incorrigible romantique… Même pas. Vous ne trouverez le partenaire idéal sur meetic.fr qu’à condition de joindre votre code ADN à votre photo.
Et si on cultivait notre gène de la révolte ?
Là où il y a gène…
Une maladie génétique est due à la déficience d’un ou de plusieurs gènes transmis à la descendance. Elle dépend, soit d’un gène dominant (il suffit d’un seul parent porteur pour que la maladie puisse s’exprimer), soit d’un gène récessif (en ce cas, les deux parents doivent être porteurs pour le transmettre à leur descendance).
Mères et bébés à risque
L’amniocentèse est proposée systématiquement aux futures mères de plus de 38 ans et aux femmes dont la grossesse est considérée à risque, soit à cause d'antécédents familiaux, soit parce que les résultats des marqueurs sériques ou de l'échographie indiquent une anomalie.
L’étude des cellules fœtales permet, d’une part, la recherche d’anomalies chromosomiques (syndrome de Turner, trisomie 21) grâce à l’établissement de la carte chromosomique du fœtus (caryotype) et, d’autre part, la recherche de certaines affections héréditaires grâce à l’étude de l’ADN. L’étude du liquide amniotique, quant à elle, permet de doser plusieurs éléments dont l’existence peut traduire certaines pathologies fœtales.
La tentation du tri sélectif
C’est Jacques Testart, éminent biologiste, qui prononçait cette mise en garde il y a quelques mois chez nos confrères du Monde Diplomatique : Décelés chez l’embryon, les facteurs de risque génétiques « sanctionnent un droit à la vie d’autant plus fragile que beaucoup d’embryons sont disponibles quand seulement un ou deux enfants sont désirés. C’est le petit nombre relatif (environ 5) des embryons obtenus à l’issue de la fécondation in vitro qui empêche encore le diagnostic génétique préimplantatoire de répondre aux angoisses (ou aux désirs) des parents et aux « besoins » de la santé publique (on notera cependant que le tri des embryons pour risque de strabisme vient d’être autorisé en Grande-Bretagne...). Dès que la production d’ovules par dizaines sera maîtrisée, le DPI (Diagnostic génétique préimplantatoire) pourra répondre au vieux rêve eugénique des « bonnes naissances » tout en se conformant aux nouveaux standards de la bioéthique (consentement éclairé, promesse médicale de santé, absence de violence aux personnes...) ».