Médecine prédictive contre voyance scientifique
Mieux vaut prédire que guérir ?
Attention : terrain glissant… Les progrès spectaculaires réalisés dans le domaine de la génétique incitent parfois à penser que presque toutes nos maladies sont prévisibles, donc potentiellement évitables. Mais, Madame Irma n’est pas encore Docteur Irma.
Depuis près de vingt ans, les résultats obtenus en matière de connaissance du génome humain ont spectaculairement fait progresser notre compréhension des mécanismes de la maladie.
La communauté scientifique - en communiquant sur ses recherches -, les médias – en valorisant leurs succès- ont fait naître une immense espérance, poussée parfois à des limites insensées, celles de l’immortalité. Si notre héroïne nationale, Jeanne Calment (fauchée en pleine force de l’âge à 123 ans en 1997), est toujours détentrice du record mondial de longévité, c’est évidemment parce que celle-ci était inscrite dans ses gènes... Et tout aussi évidemment parce qu’elle a eu la chance inouïe de passer à travers un bon paquet de maladies contre lesquelles elle n’était en réalité pas plus protégée que vous ou moi. Aux dernière nouvelles, la carte chance ne figure pas au Monopoly de notre patrimoine génétique ; ce qui ne l’empêche pas de jouer un rôle significatif dans notre durée de vie personnelle.
L’œuf ou la poule, c’est la même chose
Ne mégotons pas : l’espèce humaine compte autour de 25.000 gènes qui pilotent en permanence 600 milliards de cellules formant elles-mêmes 200 tissus différents.
Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, la plupart de ces gènes existent sous plusieurs formes et permettent, mine de rien, d’assurer la diversité biologique et les capacités d’adaptation évolutive de l’espèce. Autant dire qu’entre une diversité des formes « normale » et une diversité « anormale », la frontière est souvent mince. C’est pourtant là que pourra se trouver l’origine ou l’un des facteurs déclencheurs d’une pathologie.