Du plomb, du savon, des médications
Pendant près de trois ans, cinquante flacons de fards à paupières, en pierre dure, céramique, roseau ou bois ont ainsi été au cœur de recherches particulièrement pointues, faisant appel notamment au Synchrotron de Grenoble pour étudier la structure de la matière ! Les trois-quarts des échantillons observés contenaient des résidus à base de plomb, dont les composés n’existent pas à l’état naturel. Conclusion : les Egyptiens savaient synthétiser ces produits et maîtrisaient d’ailleurs bien d’autres techniques, dont celle de la saponification (transformation en savon des matières grasses).
Mais les analyses effectuées par nos chercheurs n’ont pas livré que des secrets de maquillage. Elles ont également révélé la présence dans les fards de fines poudres blanches (laurionite et phosgénite), ajoutées pour leurs vertus thérapeutiques.
Elles servaient alors en particulier à soigner les maladies des yeux et de la peau et à laver les cheveux. Des papyrus médicaux et des inscriptions figurant encore sur certains flacons sont d’ailleurs de véritables notices d’utilisation, avec précautions d’emploi et posologie.
Différentes quantités de matière grasse étaient ajoutées aux poudres pour leur conférer des textures variables qui trouvent leurs équivalents dans les poudres libres, les fards à paupières et les crayons khôl d'aujourd'hui. Les hommes et les femmes ont donc élaboré, depuis la plus haute antiquité, des préparations variées pour s'embellir mais aussi se protéger de leur environnement.
Les connaissances médicales des experts de l’Egypte antique n’auront pourtant pas suffi à sauver Hatchepsout et ce sont les scientifiques du 21ème siècle qui ont établi ce tardif diagnostic :
Fashion victims de l’Egypte ancienne
Contrairement à une idée largement répandue, les Egyptiens ne se maquillaient pas avec des couleurs vives, mais en vert, en noir et en gris. Au fil des siècles, les modes changeaient pourtant. Ainsi, dans l’Ancien Empire (2 600 à 2 200 avant JC), les yeux étaient ornés d’un épais trait vert ou d’un trait noir allongé vers la tempe.
A l’époque de Toutankhamon, Ramsès et de notre amie
ADN : le code-barres de notre avenir
Aujourd’hui, le test ADN (Acide Désoxyribonucléique...) est un peu mis à toutes les sauces. Le code-barres génétique propre à chaque individu est plus fréquemment utilisé pour conclure une recherche en paternité, voire confondre un criminel que pour repérer certaines pathologies héréditaires... Il faut dire qu’aujourd’hui, la technique permet de pratiquer une analyse ultrarapide à partir de minuscules échantillons. C’est pourquoi il aura fallu 3 500 ans... et 72 heures pour reconnaître enfin Hatchepsout avec certitude.
Mais, si l’empreinte génétique constitue un progrès essentiel pour les égyptologues, les policiers et les filles-mères, c’est pourtant la thérapie génique qui porte les attentes les plus exaltantes pour l’avenir de la santé humaine. Encore à ses débuts, les quelques succès déjà enregistrés laissent entrevoir un énorme potentiel.
Le principe de la thérapie génique consiste à insérer des gènes fonctionnant correctement dans des cellules ou des tissus malades et de compenser ainsi la défaillance du gène responsable de la maladie. Alec Jeffreys, qui, en
Momification et médecine, même combat ?
Les médecins égyptiens étaient à tel point réputés que les rois étrangers faisaient fréquemment appel à eux. Ils étaient également de fameux chirurgiens. De là à prétendre que leur si bonne connaissance du corps humain était due à leur pratique d’embaumement, il y a un pas que beaucoup franchissent sans hésiter ! La véritable entreprise de dissection qu’impliquait la momification, apportait incontestablement des connaissances précises sur l’anatomie humaine.
Inversement, la médecine livrait différents onguents et crèmes, utilisés par exemple dans le processus de dessèchement et conservation de la peau. On sait également que les égyptiennes pratiquaient la contraception à l’aide de préparations à base miel et de natron, intervenant dans la momification.