Un remède pire que le mal ?
Si les solutions de suivi thérapeutique sont privilégiées pour « reconstruire » psychologiquement des familles profondément secouées par l’hyperactivité d’un, voire de plusieurs enfants, il existe cependant un médicament, le méthylphénidate.
Ce médicament, effectivement réputé pour son efficacité contre les symptômes de la maladie… l’est également pour la consommation excessive qu’en font certains Américains : aux USA, un enfant sur dix prendrait ce traitement ! Des excès si évidents que des parents et des médecins ont tiré la sonnette d’alarme et engagé des procédures judiciaires à fort retentissement.
En France, la situation est très différente et le recours au médicament est encadré de façon stricte. La prescription de méthylphénidate, autorisée depuis 1995, est réservée aux enfants de plus de 6 ans et ne peut être décidée pour la première fois que par un médecin hospitalier et renouvelée ensuite (au bout d’un an) par le médecin traitant.
Quelle que soit l’efficacité du médicament, il ne peut faire de miracle. Il s’agit d’un outil utilisé lorsque le retentissement de la pathologie devient très perturbant (le méthylphénidate est surnommé « médicament de l’obéissance » : tout un programme !). Chacun reconnaît la nécessité d’accompagner l’enfant hyperactif - sous traitement médicamenteux ou non - et sa famille, à l’aide de thérapies comportementales et de psychothérapies. L’objectif est de permettre à tous les membres de la famille de mieux vivre ensemble et à l’enfant hyperactif de corriger l’image négative qu’il a conçue de lui-même au fil du temps de sa jeune vie.
Si les symptômes du « Trouble de l’attention avec hyperactivité » sont bien connus, leur origine est plus contestée.
Pour certains médecins, les enfants hyperactifs expriment par leur comportement une souffrance psychologique intense, liée à un traumatisme. Pour d’autres, l’hyperactivité est un dysfonctionnement du cerveau, une maladie qui pourrait avoir des causes génétiques puisque de nombreux parents d’enfants hyperactifs le sont eux-mêmes. Tous les spécialistes s’entendent cependant sur un point : les enfants, comme leurs parents ont besoin d’un suivi psychologique pour apaiser leurs souffrances.
Les trois syndromes associés de l’hyperactivité transforment parfois des petits malades en véritables parias. Même avec un entourage compréhensif, il faut reconnaître que l’équilibre et la qualité de vie de tous sont fortement perturbés par ces enfants – vraiment – à part.
Ø L’hyperactivité motrice fait état d’enfants en perpétuel mouvement, littéralement incapables de tenir en place, grimpant et sautant partout.
Ø Le trouble de l’attention est peut-être le syndrome qui déstabilise le plus les enseignants. En état de distraction quasi-constant, l’enfant a une extrême difficulté à terminer ce qu’il entreprend.
Ø L’impulsivité est souvent responsable du rejet de l’enfant par son entourage. Elle s’illustre par une fragilité de l’humeur (passage du rire aux larmes) et l’intolérance aux frustrations, responsable de réactions d’agressivité.
Comment se faire aider ?
Si vous pensez que votre enfant a plus que « la bougeotte », n’hésitez pas à en faire part à votre médecin qui saura vous conseiller et vous orienter en cas de besoin. Des associations d’aide aux familles ont été créées. Certaines sont… hyperactives, d’autres moins. Les psychologues scolaires ou, tout simplement les services sociaux de votre commune vous seront d’un grand secours pour vous donner adresses et contacts.
Attention, hyper-additifs !
On avait accusé les colorants alimentaires de beaucoup de maux, mais jamais encore d’être responsables de l’hyperactivité ! C’est pourtant ce que laisse entendre une étude réalisée par une équipe de l’université de Southampton et publiée au mois de septembre dans la grande revue scientifique, The Lancet. Donna Mc Cann et ses collègues ont recruté 153 enfants de 3 ans et 144 autres âgés de 8 et 9 ans. Ils leur ont donné à boire des mélanges contenant différents colorants et un additif alimentaire (du benzoate de sodium, E 211). Résultat, les comportements hyperactifs chez les enfants de 3 ans, comme chez ceux de 8 ans ont été augmentés. Sans verser dans la parano, voici un argument de plus pour résister à la spirale multicolore des bonbons et friandises non stop.