Exténué, tout le monde l’est ; malheureux, chacun l’est aussi, à commencer par le plus concerné de tous, l’enfant lui-même, qui se sait « responsable » de l’ambiance familiale électrique, avec ce que cela peut avoir de conséquences au sein du couple et de la fratrie.
Engagé dans un rapport négatif avec ses parents, ses professeurs, ses copains, l’enfant hyperactif peut avoir une vision très dégradée de lui-même et en souffrir parfois jusqu’à la dépression.
En raison de son comportement, on ne lui dit jamais qu’il fait bien. Il finit alors par penser qu’il n’est qu’un incapable…
3 à 5% des enfants entre 6 et 14 ans (très majoritairement des garçons) souffriraient de « Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité » (TDAH). Excessive ou pas, cette estimation permet de chiffrer à plus ou moins 200 000 le nombre de familles concernées.
Celles-ci, en plus de leur combat quotidien, doivent livrer une autre bataille, plus souterraine mais pas forcément plus simple, pour une véritable reconnaissance de la pathologie de leurs enfants.
La question du TDAH a longtemps fait l’objet de très vifs débats entre spécialistes français et ces discours contradictoires, pas totalement éteints aujourd’hui, sont toujours destructeurs pour les parents. Bon nombre d’entre eux ne parviennent au diagnostic qu’après avoir été culpabilisés, considérés comme de mauvais éducateurs.
Un remède pire que le mal ?
Si les solutions de suivi thérapeutique sont privilégiées pour « reconstruire » psychologiquement des familles profondément secouées par l’hyperactivité d’un, voire de plusieurs enfants, il existe cependant un médicament, le méthylphénidate.
Ce médicament, effectivement réputé pour son efficacité contre les symptômes de la maladie… l’est également pour la consommation excessive qu’en font certains Américains : aux USA, un enfant sur dix prendrait ce traitement ! Des excès si évidents que des parents et des médecins ont tiré la sonnette d’alarme et engagé des procédures judiciaires à fort retentissement.
En France, la situation est très différente et le recours au médicament est encadré de façon stricte. La prescription de méthylphénidate, autorisée depuis 1995, est réservée aux enfants de plus de 6 ans et ne peut être décidée pour la première fois que par un médecin hospitalier et renouvelée ensuite (au bout d’un an) par le médecin traitant.
Quelle que soit l’efficacité du médicament, il ne peut faire de miracle. Il s’agit d’un outil utilisé lorsque le retentissement de la pathologie devient très perturbant (le méthylphénidate est surnommé « médicament de l’obéissance » : tout un programme !). Chacun reconnaît la nécessité d’accompagner l’enfant hyperactif - sous traitement médicamenteux ou non - et sa famille, à l’aide de thérapies comportementales et de psychothérapies. L’objectif est de permettre à tous les membres de la famille de mieux vivre ensemble et à l’enfant hyperactif de corriger l’image négative qu’il a conçue de lui-même au fil du temps de sa jeune vie.
Si les symptômes du « Trouble de l’attention avec hyperactivité » sont bien connus, leur origine est plus contestée.
Pour certains médecins, les enfants hyperactifs expriment par leur comportement une souffrance psychologique intense, liée à un traumatisme. Pour d’autres, l’hyperactivité est un dysfonctionnement du cerveau, une maladie qui pourrait avoir des causes génétiques puisque de nombreux parents d’enfants hyperactifs le sont eux-mêmes. Tous les spécialistes s’entendent cependant sur un point : les enfants, comme leurs parents ont besoin d’un suivi psychologique pour apaiser leurs souffrances.