Sur le Net, tout va vite
La véritable explosion que connaissent aujourd’hui les sites de jeu sur Internet montre bien que l’illusion de la virtualité dégagée par le web est un générateur puissant de dépendance. Disponibles en permanence, accessibles en quelques clics, simples d’utilisation…les quelques études menées sur les jeux de hasard et d’argent sur Internet rapportent que l’anonymat, l’accessibilité, la désinhibition et le confort sont susceptibles de favoriser les pratiques d’abus.
Un faible support social et un bas niveau socio-économique se trouvent corrélés avec la prévalence du jeu pathologique et du jeu problématique. D’après les études menées sur des joueurs pathologiques consultant des structures de soin spécialisées, la précocité du contact avec le jeu semble un facteur de gravité, comme pour les addictions à des substances psychoactives. Les personnes âgées semblent les plus vulnérables face aux loteries et machines à sous.
Ces facteurs de risque et de vulnérabilité apparaissent similaires à ceux relevés pour l’ensemble des conduites addictives.
Alors, fallait-il vraiment libérer les jeux d’argent sur Internet dans notre pays qui croyait, à tort en être préservé ? Devions-nous au contraire nous aligner sur nos voisins et, en organisant les règles du jeu, limiter les risques d’abus liés à l’illégalité ?
La France ne risque sans doute pas davantage que les autres pays de sombrer dans l’addiction au jeu. Elle ouvre pourtant une brèche dans le système de prévention qu’elle avait mis en place avec une efficacité certaine durant des années. Petit à petit, Internet dicte ses propres règles. Opportunité d’évolution ou entaille à notre spécificité ? Un sacré pari en tout cas.
Les jeux sont faits
Française des Jeux (FDJ) 28,5 millions de joueurs, 2,82 euros de mise moyenne par semaine, 9,2 milliards de chiffre d'affaires (CA 2008).
Pari Mutuel Urbain (PMU) 6,5 millions de joueurs, 11 euros de mise moyenne, 9,3 milliards de CA
Casinos 197 établissements, 2,5 milliards de CA
Internet 3 millions de joueurs, 2,5 milliards de CA
Selon une enquête de l'AFP, les dépenses quotidiennes des Français dans les jeux d'argent sont passées en sept ans de 47,5 à 59,1 millions d'euros, malgré la crise économique. Où grâce à elle ?
PAS NET SUR LE NET
Les dépendants au web, scotchés à leur ordinateur, se multiplient au rythme des courriels indésirables dans nos boîtes à lettre électroniques. C’est dire…
En réalité, la cyberdépendance inclut ou réunit la plupart des « addictions sans produit ».
Les « workaholics » , ou « ergomanes » trouvent sur la toile, matière à entretenir leur boulimie de travail, à toute heure du jour et de la nuit. Et pour tenir le coup, nombre d’entre eux sont des consommateurs d’excitants, de uppers (cocaïne notamment).
Les obsessionnels de ce que certains appellent par dérision la « communication assistée par ordinateur » sont les grands consommateurs de groupes de discussion et de sites d’échanges en tout genre. Le web est d’ailleurs un véritable refuge pour les sexe accros (« sexualité assistée par ordinateur »…), donnant un accès quasi-illimité à leurs fantasmes les plus intimes, via des centaines de milliers de sites pornographiques.
Quant aux achats compulsifs, inutile de préciser que les sites de vente par correspondance leur sont grand ouverts. Il n’y a guère que les accros au sport qui ne verront pas sur le web de quoi satisfaire leurs besoins. Ils pourront quand même y commander des produits dopants !