Héroïne et chocolat

Si l’appellation addiction  satisfait logiquement les professionnels du domaine, elle ne présente pas que des avantages aux yeux de certains éducateurs. Dans un contexte social où « la perte de repères » est à longueur de temps dénoncée, la dilution du discours spécifique sur la toxicomanie au sens « classique » peut en effet constituer une difficulté supplémentaire.

Ainsi, le risque de banalisation de l’usage des drogues illicites ne doit pas être négligé. Quel danger ne ferions-nous pas courir à des millions d’ado en leur laissant à penser que, finalement, il n’y aurait guère de différence entre le « junky » en fin de parcours et la ménagère consommatrice immodérée de chocolat noir !

 Exactement à l’opposé, d’autres acteurs encore craignent pour leur part une dramatisation de certaines habitudes, certes excessivement répétitives mais plutôt anodines (re-bonjour à notre surconsommatrice de chocolat noir…). Le spectre d’une espèce de Big Brother médical, s’obstinant à traiter toutes les conduites humaines déviant de la « normalité », plane au-dessus de nos têtes embrumées…

Pour Marc Valleur, Médecin-chef du célèbre Centre Marmottan à Paris, il est essentiel de disposer de définitions claires et de faire la part entre la réalité de la perte de liberté du sujet, les habitudes de conduite simplement gênantes et « la forme indiscutable des addictions : la toxicomanie », c\'est-à-dire « non seulement la dépendance à une substance chimique, mais le fait que cette dépendance soit devenue le centre – à la fois but et moyen – de toute l’existence psychique et sociale du sujet ».

Une seule certitude : quel que soit le terme employé finalement pour le qualifier, l’univers en question est particulièrement large : alcoolisme, toxicomanie, dépendance médicamenteuse, anorexie mentale, boulimie, conduites d’achat pathologiques, dépendance sexuelle, jeu compulsif, tabagisme, addiction au travail, dépendance sectaire…

Si l’on n’est pas tous accros, ce n’est pas par manque d’occasions !

Le hors-jeu du Dr Freud

S’il n’est évidemment pas question de nier à la psychanalyse l’importance de son rôle dans l’étude psychopathologique et l’approche clinique du toxicomane, on peut s’amuser des positions en son temps tenues par Sigmund Freud. Sans vouloir abonder dans le sens de l’écrivain-philosophe Michel Onfray, le célèbre docteur ne restera pas une référence dans le domaine.

Un temps cocaïnomane, ses publications enthousiastes sur ce « médicament » auraient déjà suffi à le discréditer aujourd’hui. Et si l’on ajoute à cela son tabagisme chronique…

Licite, illicite, contrôlé, interdit…

Ø  Le cannabis, la cocaïne, l’ecstasy, l’héroïne, etc. sont des substances illicites : le code pénal en interdit et en réprime la production, la détention et la vente, conformément aux conventions internationales ; leur usage est également interdit et sanctionné.

Ø  Les médicaments psychoactifs (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs) sont des produits licites : ils sont prescrits par un médecin pour traiter des états d’anxiété, de troubles du sommeil, de dépression ; leur production et leur usage sont strictement contrôlés. Cependant, leur détournement et l’automédication sont fréquents.

Ø  L’alcool, le tabac sont des produits licites : ils sont consommés librement ; leur vente est autorisée mais contrôlée et leur usage, réglementé.

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