Fièvre acheteuse et valse de l’étiquette
Autant, voire davantage encore que dans le jeu pathologique, le rapport à l’argent est étroitement lié au phénomène de l’achat compulsif. Du radin relatif au pingre absolu, du gestionnaire approximatif au flambeur patenté, toute une typologie va s’établir pour situer les différents acheteurs sur l’échelle de la dépendance. Puisque l’on parle achats (même irraisonnés), parlons consommateurs (même immodérés). Des sociologues (même américains) les ont classés en quatre catégories plus ou moins pathologiques :
Dans la famille des « émotionnels », on trouve les consommateurs particulièrement attachés à la valeur sentimentale de l’objet acheté, à son intérêt symbolique. Son acquisition correspond à une autothérapie, un acte destiné à lutter contre sa propre angoisse, une sorte d’antidépresseur.
Dans la famille des « impulsifs », on reconnaît plus facilement des consommateurs parfois proches de nous… envahis par un désir soudain et irréfléchi d’acheter. La plupart du temps, l’acte d’achat est suivi d’un terrible sentiment de culpabilité, conforté par le montant des dépenses engagées.
On en connaît presque tous dans notre entourage, de ces consommateurs membres de la famille des « fanatiques ». Collectionneurs dans leur genre, ils achètent le même objet (ou le même type d’objet) de manière répétitive. L’ouverture de certains placards à chaussures de consommateurs(trices) non pathologiques peut donner une idée de la gravité du phénomène lorsqu’il est réellement pathologique…
Enfin, ceux qui ne sont plus à proprement parler des consommateurs, mais strictement des acheteurs « compulsifs » agissent pour apaiser des tensions internes insupportables, des angoisses irrépressibles. C’est pourquoi, empêchés, ils éprouveront un fort sentiment de frustration.
Quatre familles qui révèlent ainsi leurs caractéristiques : l’importance de la sensation de manque, celle de l’implication personnelle dans l’acte d’achat, le rôle des relations humaines (on achète parfois pour impressionner le vendeur !), la signification psychologique de la dépense et de la possession.
Sport, sexe et travail : on ne confond pas !
Dans le catalogue des addictions comportementales, on ne saurait oublier trois pratiques dont l’intensité n’est pas toujours vécue comme une pathologie.
En matière de sport, généralement favorable à la santé lorsqu’il est pratiqué raisonnablement, on trouve parfois tous les ingrédients déjà décrits pour aboutir à une belle, profonde, vraie addiction. Pour bon nombre de sportifs de haut niveau (ou excessifs), l’effort agit exactement comme le ferait un stupéfiant. Ces sportifs croient souffrir, mais c’est le contraire qui se produit. La pensée douloureuse est anesthésiée, comme par un « fix » d’héroïne. Et lorsque le dopage s’en mêle, c’est fréquent, les produits viennent vite compléter l’arsenal de dépendance ! Dépendance à l’effort, dépendance à ce qui permet l’effort…dépendance dans tous les cas.
Dans le domaine du sexe, on répertorie trois catégories majeures d’addictions : les comportements sexuels compulsifs, l’hypersexualité et les troubles du contrôle des impulsions. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient imaginer, les sex addicts sont rarement des « bons coups ». Dragueurs stressés, onanistes effrénés, amoureux instables et jaloux… on rêve mieux comme Prince Charmant ou comme Blache Neige. Et lorsque ces forçats du sexe multiplient les rapports, ceux-ci sont la plupart du temps insatisfaisants pour tout le monde !
Peut-on alors se réfugier dans le travail et sombrer dans ce que les américains appellent le « workaholisme » ? Si, socialement, cela semble moins lourd de conséquences, on ne peut pour autant qualifier le travail pathologique d’addiction positive car son évolution est presque toujours problématique.
Au premier stade, on pourrait dire que tout va bien dans le meilleur des mondes du travail (côté chef d’entreprise s’entend…). Le sujet est débordant d’énergie, ses capacités sont décuplées, le nombre de ses heures supplémentaires font pleurer jusqu’aux adversaires les plus convaincus de
Au deuxième stade, des difficultés sérieuses apparaissent dans la vie familiale et sociale et au dernier stade, celui de l’épuisement qui finit par arriver. Des troubles graves du sommeil, des lombalgies sévères, des céphalées à répétition, des problèmes cardiovasculaires font leur apparition et, comble d’ironie, diminuent dramatiquement les capacités de travail.
Moralité, toute relative : le sport, le sexe et le travail pratiqués avec raison vous aideront à rester en forme pour pouvoir parier sans complexe et faire vos courses sans remord...