Comme ce n’est, ni l’époque du bachot, ni celle des leçons de morale sanitaire, on en restera donc sur ce constat et sur la clairvoyance dont ont fait preuve les responsables de l’Institut du Cancer en admettant que les femmes étaient… des hommes comme les autres : pas toujours cohérentes dans leurs actes !

La réalité a toujours raison…

On le sait aujourd’hui : le cancer du sein, avec plus de 52 000 nouveaux cas en France cette année, est de loin le plus fréquent des cancers chez la femme. Il reste également, avec plus de 11 000 décès estimés, au premier rang des décès par cancer pour ce sexe. Pourtant, le cancer du sein est ce que l’on appelle de « bon pronostic ». Au-delà de la qualification qui ne veut pas dire grand-chose lorsqu’il s’agit d’une maladie de ce type, le « bon pronostic » signifie que, lorsqu’il est détecté précocement, un cancer du sein se guérit, tout simplement (le taux de survie à 5 ans est aujourd’hui de 90%).

Pour assurer un éventuel repérage précoce du cancer du sein, le dépistage organisé répond à des critères stricts, permettant une évaluation régulière des dispositifs techniques et d’organisation.

Aujourd’hui, les professionnels de santé sont unanimes pour reconnaître que le dépistage organisé du cancer du sein est d’une exceptionnelle qualité. Voilà pour la raison…

Le cœur n’a jamais tort

Les meilleurs arguments ne suffisent pas toujours à convaincre, ou du moins à transformer une conviction en acte. Beaucoup de femmes passent ainsi chaque année à côté d’une possibilité réelle de vérifier que tout va bien ou lorsque ce n’est pas le cas, de traiter au plus vite l’éventuelle anomalie.

Les arguments qu’elles invoquent sont le plus souvent faciles à contrecarrer. L’InCA les a d’ailleurs listés sans tabou et y répond sans détour dans un document d’information réalisé à partir de témoignages de femmes réticentes (disponible sur Cancer info).

Le frein le plus important au dépistage demeure sans conteste un frein psychologique, lié à l’angoisse d’apprendre une mauvaise nouvelle et, par elle, de voir sa vie, celle de sa famille, bouleversées.

C’est donc paradoxalement un peu par amour des siens qu’une femme reculera devant le dépistage ! La campagne des Pouvoirs publics, très intelligemment, renverse cette année la proposition : c’est au contraire par amour des siens qu’une femme peut décider de se faire dépister. Parce que, dans l’immense majorité des cas, elle repartira l’esprit apaisé de ces quelques minutes d’examen. Parce que, si une anomalie est détectée, elle sera traitée avec d’autant plus d’efficacité et d’autant moins de bouleversements que la détection aura été précoce.

C’est aussi par amour pour elle que les proches d’une femme âgée de plus de 50 ans l’inciteront au dépistage. Il n’y a pas de meilleure façon de dire « je t’aime » que de dire « occupe-toi de toi si tu nous aimes ». Le dépistage, un geste d’amour réciproque. Bien vu.