Vaccination, sans hésitation

Faut-il vraiment revenir sur la grippe A H1N1 pour démontrer que la vaccination s’est une fois de plus affirmée comme l’arme de santé publique par excellence ? Une campagne aussi mal gérée, une communication aussi erratique n’auront pas réussi à décourager des millions de Français, prêts à patienter des heures pour un acte praticable en 30 secondes.  Et des milliers de médecins traitants s’interrogent encore aujourd’hui sur les choix curieux qui les ont d’abord confinés dans leur cabinet lorsque les patients, eux, poireautaient au seuil de gymnases et de salles communales surpeuplées.

Cette sacrée grippe A aura-t-elle au moins mis en évidence les bénéfices de la vaccination en général ? Il est encore un peu tôt pour le dire mais on peut le souhaiter car, depuis les grands précurseurs que furent Edward Jenner et louis Pasteur, ce sont des dizaines de millions de vies qui auront été préservées…

Reste que certaines maladies demeurent actives alors qu’une vaccination généralisée permettrait de les éradiquer. Exemple, la rougeole qui semblait enfin être en voie d’extinction et qui a repris des couleurs depuis deux ans (40 cas déclarés en 2006, plus de 600 en 2008 et des hypothèses fondées de plusieurs milliers en réalité…). Autre exemple de maladie qu’on pensait, elle, disparue depuis les années quatre-vingt : la coqueluche, aujourd’hui en recrudescence et qui touche désormais les adultes.

Comme on le fait naturellement pour ses enfants, un petit point vaccination chaque année permet de rester parfaitement à jour, notamment pour vérifier qu’on n’a pas laissé passer le délai de 10 ans (à partir de 16 ans) pour le rappel Diphtérie – Tétanos – Polio  et Coqueluche (recommandée pour tous les futurs parents).

Et, pour la grippe… c’est vous qui voyez !

Oui au dépistage

Depuis plusieurs années déjà, les Pouvoirs publics ont mis en place des campagnes de dépistage systématique pour les cancers les plus fréquents et pour lesquels le pronostic est très favorable lorsqu’ils sont traités précocement. C’est le cas pour le dépistage du cancer du sein, systématiquement proposé tous les deux ans aux femmes à partir de la cinquantaine (jusqu’à 74 ans) depuis 2004 et celui du cancer colorectal pour lequel un dépistage généralisé a été tenté pour la première fois cette année, auprès de la population des 50 – 74 ans, hommes et femmes.

Disons-le tout net : alors même que le dépistage précoce de ces deux cancers permet des pronostics extrêmement favorables, seules 52,5% des femmes concernées avaient accepté l’an dernier de procéder à la mammographie gratuite.

Quant au test de dépistage du cancer colorectal, nécessitant une manipulation peu agréable et donnant des résultats peu fiables (la présence de sang dans les selles ne signifie pas qu’il y ait cancer), on imagine qu’il aura provoqué moins encore de passage à l’acte préventif. Malgré des actions de sensibilisation et d’information fortes, un intérêt démontré dans le pronostic d’un traitement précoce en cas d’examen positif.

Les experts en marketing social connaissent bien ce phénomène : lorsqu’on a l’impression que tout va bien –ou pas trop mal – on se résout difficilement à se mettre en position d’apprendre une mauvaise nouvelle. Résultat, on temporise, on saisit toutes les raisons pour différer l’épreuve, on prend un risque en refusant de l’affronter.

Dans un tout autre domaine, celui du Sida, on rencontre exactement le même socle de blocage. Pourquoi une femme ou un homme ayant eu une relation sexuelle non-protégée hésitent-ils encore face au test VIH, alors que les centres de dépistage sont anonymes et gratuits, que les tests sont aujourd’hui totalement fiables 15 jours seulement après le rapport à risque ? Par peur de savoir, peur de voir sa vie basculer, ses rapports aux autres bouleversés, peur de ne pas supporter.

On avait dit « résolutions tenables ». Le dépistage en est-il une ? On peut toujours promettre d’essayer…

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