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Arrêter de fumer

Tabac : la der des der ?

Avec une interdiction de fumer dans tous les lieux publics et des soirées sans tabac avec les amis, le traditionnel festival des bonnes résolutions est désormais dicté par la loi. Demain, j’arrête… Obligé !

On ne va pas pleurer, la surprise aura mis plus de 30 ans à être digérée. Depuis la Loi Veil de 1976, puis la Loi Evin de 1991, une nouvelle vision de la prévention sanitaire s’était lentement mais surement imposée avant l’interdiction totale désormais appliquée dans tous les lieux publics.

Au fond, cette vision est bête comme chou et consiste à s’appuyer sur une valeur-clé de la relation sociale : on peut avoir, individuellement, le comportement qui nous plaît - fût-il destructeur - mais on n’a pas le droit d’en faire subir les conséquences aux autres.

Le tabac, c’est cela : un problème de santé publique doublement complexe. Premièrement, il est la cause de près de 65.000 décès de fumeurs par an. Deuxièmement, il serait la cause de 2 500 à 3 000 décès de « malgré eux », victimes du tabagisme passif. Et, pour bien brouiller les cartes, ces décès n’interviennent généralement qu’après de longues années d’exposition, rendant délicates les analyses épidémiologiques, du moins pour les non-fumeurs.

Une drogue de moins en moins sociale

La cigarette est encore considérée comme une « drogue sociale », celle qui permet d’entamer le dialogue, de partager des moments de convivialité. Elle apparaît même à ceux qui l’ont toujours connue comme une part de notre culture… Les industriels du tabac ont bien travaillé. Ils ont réussi pendant des années, sur un terrain où même les alcooliers avaient renoncé, à prétendre que la dépendance à la nicotine était un leurre, que la nocivité de la fumée était relative pour l’usager et peu probable pour l’entourage, que le tabac était finalement une pratique relevant de la seule décision des individus : un quasi-symbole d’indépendance sur fond de liberté, d’aventure et de grands espaces peuplés de beaux cowboys burinés, de couchers de soleil rougeoyants et de bien-être béat.

Il est vrai que les choses se sont un peu gâtées depuis quelques années. L’Amérique qui l’avait imposée au monde entier s’est liguée contre la cigarette avec une haine aussi excessive que l’idolâtrie qu’elle lui avait témoignée pendant plus d’un demi-siècle. Au pilori, Lauren Baccall ! Au bucher, Humphrey Bogart. Les héros d’outre Atlantique partent aujourd’hui se battre la fleur au fusil et le chewing-gum entre les dents, mais jamais le clope au bec…

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