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Addictions sans produit

Toxico sans toxique

Incontestablement, ils sont accros. Mais pas à l’alcool, au tabac, à la coke ou aux tranquillisants. Ils sont prisonniers du monde étrange des addictions sans drogue. De la toxico sans toxique.

Il n’y a guère d’étude scientifique qui ne se plie à une phase d’évaluation expérimentale. La dépendance à une substance passe ainsi la plupart du temps par des épreuves plutôt désagréables pour la famille des rongeurs. Le pauvre rat de laboratoire va chercher par tous les moyens à calmer l’effet de manque qu’on lui impose. Celui qui ne peut se procurer la drogue dont on l’a rendu dépendant souffre le martyre. Son comportement devient violent, incohérent. Un grand classique.

Classique, d’accord… mais comment reproduire un tel protocole dans le cas d’une « addiction sans drogue » ? Pas facile de placer le malheureux rongeur devant une machine à sous de casino ou un carnet de tickets de Tac O Tac pour évaluer son degré de dépendance.  Pas plus simple de le confronter à une aguicheuse vitrine de prêt-à-porter ou à la tentation permanente d’une connection à un site Internet porno…

Rat ou pas, dans le domaine si humain du « trop agir », il est de toute façon délicat d’évaluer le point de rupture entre l’usage, l’excès d’usage et l’usage pathologique.

Quand jouer n’est plus un jeu…

Si les quelque 31 millions de personnes qui cette année auront, au moins une fois, tenté leur chance auprès de la Française des Jeux étaient toutes accros, ça se saurait ! Mais il est vrai que le développement et la diversité des jeux instantanés proposés désormais au public ont généré une augmentation sensible du nombre d’addictions. A tel point qu’on les estime aujourd’hui dans l’hexagone à plus de 300.000, c'est-à-dire davantage que le nombre total de toxicomanes (hors tabac et alcool), 2 fois plus que le nombre d’héroïnomanes !

Mais quand commence le « jeu pathologique » ? Selon les psychologues, le « joueur » n’est pas celui qui joue, mais celui qui rejoue. Nuance. On s’en serait un  peu douté, mais cela ne suffit pas à faire de lui un toxicomane invétéré : le joueur de Loto du samedi ou le turfiste dominical fréquentent rarement les centres de prise en charge des toxicomanies.

Curieusement, le joueur pathologique a tendance à réfuter la part que joue le hasard… dans les jeux de hasard. Plus que tout joueur « normal », il va développer des stratégies pour contrôler ce hasard, s’en faire un allié. Niant l’évidence et la loi des probabilités, il va souvent combiner l’élaboration de la « martingale » infaillible et la mise en place d’un rituel immuable.

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