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Automédication

J’suis pas malade… mais je me soigne

Avec un déficit de 20 milliards d’euros en 2009 et des prévisions 2010 catastrophiques pour la sécu, l’encouragement à l’automédication est parfois présenté comme l’une des solutions à l’explosion des dépenses de santé. Pas si simple.

Bon an mal an, il se vend environ 3 milliards de médicaments en France, l’équivalent de 30 milliards d’euros. Comme par hasard, pile poil le montant du déficit prévisionnel de l’Assurance Maladie pour 2010…

Les correspondances de chiffres sont souvent sources d’erreurs de calcul et, en l’occurrence, la bourde serait de taille. D’abord parce que le gros des dépenses de l’Assurance Maladie est logiquement généré par l’Hôpital, mais aussi parce que la part des médicaments non remboursés dans le budget des ménages augmente sensiblement chaque année.

Les déremboursements complets de médicaments au « service médical rendu insuffisant », ceux délivrés « sur prescription médicale facultative » et ceux qui ne sont pas remboursables du tout représentent déjà aujourd’hui la coquette somme de 2 milliards d’euros avec une forte tendance à l’ascension. De là à imaginer que l’encouragement à l’automédication constituerait une solution miracle au trou de la sécu, il n’y a pas loin de la coupe (de ciguë) aux lèvres (de Socrate)…

Du patient au consommateur

Pourquoi, sous l’influence par exemple du premier mal de tête venu, un être humain normalement constitué devrait-il quitter son statut de citoyen-consommateur responsable pour celui de patient décérébré ? Telle est la question posée par les tenants de l’automédication. Effectivement, la consultation systématique du médecin relève davantage de l’hypocondrie que du sens commun. Un embarras gastrique post fiesta, un banal rhume certifié non H1N1 ne réclament pas (à condition toutefois de ne pas s’installer) un diagnostic d’homme de l’art et une thérapeutique hautement sophistiquée. Avec le conseil éventuel du pharmacien, la chose se règle sans risque pour le patient et sans dommage pour la sécu. De là à jouer le Docteur Maboule parce qu’on s’est débarrassé un jour d’une migraine avec deux comprimés de paracétamol, il y a évidemment un pas qu’il ne faut pas franchir. C’est cela être responsable, non ?

Médicaments en libre accès : c’est pas gagné

Alors que 250 médicaments non remboursables sont – théoriquement - désormais disponibles en libre accès dans les officines, il semble que les pharmaciens se fassent encore tirer l’oreille pour les mettre en place. Un peu moins de la moitié d’entre eux ont sauté le pas depuis le décret du 30 juin 2008.

L’automédication en hausse

Selon une enquête réalisée pour le compte de l’AFIPA (Association Française de l’Industrie Pharmaceutique pour une Automédication Responsable),

44% d’entre nous achètent entre 1 et 3 médicaments sans ordonnance par an et 75% les réutilisent pour une pathologie similaire.

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