Pas plus vite, pas plus haut, pas plus fort
Les records sportifs en fin de course?
"Citius, altius, fortius". Plus vite, plus haut, plus fort : la devise des Jeux Olympiques serait frappée d'usure précoce pour cause de limites humaines. Selon les chercheurs de l'INSERM, l'avenir des records n'est plus que de l'histoire ancienne. Mais les athlètes ont-ils vraiment dit leur dernier mot?
Il est évident que les Jeux Olympiques de Londres ne se prépareront pas dans des conditions de sérénité absolue. Cataclysmes politiques et séismes économiques potentialisent leurs actions pour faire de ces XXXe olympiades une « épreuve » au sens strict.
Ironie du sport, une équipe de chercheurs de l'INSERM est venue en rajouter en confirmant une information que nous craignions depuis longtemps : le corps humain arrive au bout de ses capacités de surpassement. On ne pourra pas éternellement courir plus vite. On ne sautera pas indéfiniment plus haut. On ne soulèvera pas toujours plus lourd. Alors, fini le "Citius, altius, fortius" qui, depuis Pierre de Coubertin, accompagne l'éclosion de chaque record de la fine fleur olympique?
Athlétique ou statistique?
Demain semble devoir condamner notre société de performance à se contenter de l'aussi bien, à faire une croix sur le mieux. La clameur enthousiasmante de foules en délire fera-t-elle bientôt place au silence déprimant de stades désertés? Les organisateurs de manifestations sportives tremblent d'avance en chronométrant le record de chute des droits de retransmission télévisée. Les sponsors ravalent leurs cannettes et leurs hamburgers. La civilisation du toujours plus vacille sur ses bases.
Pour arriver à ses tristes conclusions, l'équipe de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport n'a pas eu à chausser ses pointes sur des kilomètres ou à soulever de la fonte pendant des heures. Il lui a suffi de brasser un nombre impressionnant de chiffres, de passer à la moulinette statistique des pelotons entiers de temps époustouflants, de performances mondiales historiques.
3 263 records homologués dans les cinq disciplines olympiques dites "quantifiées" (athlétisme, natation, cyclisme, patinage de vitesse, haltérophilie), établis entre 1896 et aujourd'hui. A la sortie des ordinateurs, le constat est là: aux JO de 2028 – c'est déjà demain – la moitié des records du monde ne sera plus améliorable "de façon significative". Il n'est pas sûr, dans ces conditions, que la flamme olympique brûle alors dans les cœurs du même feu qu'aujourd'hui.