Mais, le contexte bouge. Les associations commencent à obtenir des résultats, en matière de dépistage et de prise en charge comme en termes de communication. Les chercheurs, de leur côté, explorent mieux cet univers perturbé de l’apprentissage et des acquisitions. Des définitions sont établies, des hypothèses d’explication s’élaborent, des méthodes de rééducation s’affinent.
Puisqu’à chaque « dys » correspond un trouble, inutile de prétendre ici en faire le tour complet. Essayons déjà de les survoler en commençant par zoomer sur la superstar incontestée des difficultés d’apprentissage : la dyslexie.
Dyslexie : les maux pour le dire
Généralement, la dyslexie se manifeste après le début de l’apprentissage de la lecture au CP. L’enfant ne parvient pas à maîtriser le rapport entre les lettres ou groupes de lettres et les sons de la parole.
La dyslexie se caractérise ainsi par une difficulté à lire de façon correcte et fluide, à décoder et comprendre un texte. Ce trouble d’apprentissage se double d’autres difficultés encore : mémorisation, mise en ordre, orientation dans le temps et dans l’espace, attention, etc. Le dyslexique, sans cesse dans l’effort pour lutter contre son handicap, apparaît ainsi pour tout arranger lent et fatigable.
Pas de déficit intellectuel ou sensoriel, pas de pathologie psychiatrique ou neurologique, pas de conditions pédagogiques anormales qui apporteraient une explication commode et rationnelle à ce trouble d’apprentissage. Alors quoi ? Si les recherches progressent plutôt vite dans le domaine, elles ne sont pas encore parvenues à maturité.
L’hypothèse majoritairement admise pour la dyslexie est une anomalie du développement de certaines aires cérébrales. Depuis le début des années 2000, de nombreuses publications scientifiques ont cependant proposé d’autres pistes, dont celle de facteurs génétiques qui agiraient en lien avec de très nombreux autres facteurs environnementaux (biologiques, linguistiques, socio-éducatifs, psychologiques…).
Les chiffres et les lettres
La dysorthographie est aujourd’hui essentiellement étudiée chez les enfants atteints de dyslexie. Si certaines dysorthographies pourraient ne pas être associées à un trouble spécifique de la lecture, la littérature scientifique n’en a pas encore rendu compte. L’INSERM, qui a publié en 2008 une expertise collective sur les troubles des acquisitions scolaires, suggère fortement de promouvoir de nouvelles études. On ne dispose d’ailleurs d’aucune réelle indication sur la prévalence de la dysorthographie (n’en déplaise à notre excellent confrère François de Closets…).
Quant aux enfants atteints de dyscalculie, ils ont une mauvaise appréciation de la notion de dénombrement et sont alors incapables d’acquérir le socle sur lequel reposeront tous les principes arithmétiques ultérieurs. Si l’on ajoute à cela des difficultés énormes de mémorisation des tables d’addition et de multiplication, on mesure leur calvaire quotidien lors de la période d’apprentissage !
De la parole au geste
La dysphasie est un trouble spécifique du développement du langage oral. Plus ou moins sévère, elle peut se caractériser par des paroles indistinctes, des troubles de la syntaxe, un discours peu ou mal construit, une compréhension partielle du langage oral. On voit des enfants qui parlent mal, tard et dont les troubles retentissent inévitablement sur les apprentissages scolaires classiques, dans lesquels le langage demeure le levier majeur de la transmission du savoir.
La dyspraxie est, elle, souvent qualifiée de « handicap invisible ». Caractérisée par un trouble de l’organisation du geste, elle n’est pas toujours repérée en tant que telle car ses manifestations en sont souvent banalisées et mal comprises, mises sur le compte, au mieux de la paresse, au pire d’un handicap intellectuel ! Pourtant, écrire pour un dyspraxique représente un effort hors du commun. Entièrement concentré sur le geste de l’écriture, il ne peut en même temps concevoir, organiser, développer, synthétiser et, bien entendu, prêter la moindre attention à l’orthographe…
Alors, les dys, combien de divisions ? Beaucoup, beaucoup plus qu’on ne le croit généralement puisque l’on considère qu’environ 6 à 8% d’entre nous seraient concernés par ces « troubles spécifiques du langage et des apprentissages ». Au minimum, 4 millions de personnes touchées dont 600 000 sévèrement.