Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…
Dys à la douzaine
Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dysphasie, dyspraxie … Lorsqu’on additionne les dys, on cumule aussi les difficultés. Et pas seulement à l’âge scolaire car les troubles du langage et des apprentissages continuent souvent d’affecter les adultes.
Les experts les définissent comme des « troubles spécifiques du langage et des apprentissages ». Mais, les familles et tous ceux qui en souffrent n’ont pas de mots assez forts pour décrire à quel point ces difficultés peuvent leur gâcher la vie dans une société si peu tolérante vis-à-vis du handicap, quel qu’il soit.
Il semble exister tant de « dys » qu’on se demande pourquoi il est question de « troubles spécifiques » et pas globalement d’une « maladie des dys ». Regroupement qui serait commode sans doute, mais totalement irréaliste car chacun de ces troubles touche un secteur isolé du fonctionnement mental, les autres secteurs étant intacts.
Tout aussi pratique – et irréaliste - serait l’évocation a priori d’une cause liée à une déficience intellectuelle, un problème psycho-pathologique, un handicap sensoriel, voire un quelconque isolement social ou culturel. On peut évidemment être dys et intelligent, dys et sain d’esprit, dys et socialement, culturellement bien entouré, mais… dys quand même !
Une journée pour y penser… toute l’année pour l’oublier ?
Pour parler des dys, il faut donc parler de chaque dys… C’est sans doute la raison pour laquelle des fédérations d’associations ont organisé au mois d’octobre - et pour la troisième année consécutivement - la « journée nationale des dys ». Une bien courte journée au regard du long calvaire vécu par des centaines de milliers de familles avant d’obtenir un diagnostic approprié : trop d’a priori, trop d’idées fausses qui persistent et empêchent une prise en charge précoce.
Mais, le contexte bouge. Les associations commencent à obtenir des résultats, en matière de dépistage et de prise en charge comme en termes de communication. Les chercheurs, de leur côté, explorent mieux cet univers perturbé de l’apprentissage et des acquisitions. Des définitions sont établies, des hypothèses d’explication s’élaborent, des méthodes de rééducation s’affinent.
Puisqu’à chaque « dys » correspond un trouble, inutile de prétendre ici en faire le tour complet. Essayons déjà de les survoler en commençant par zoomer sur la superstar incontestée des difficultés d’apprentissage : la dyslexie.
Dyslexie : les maux pour le dire
Généralement, la dyslexie se manifeste après le début de l’apprentissage de la lecture au CP. L’enfant ne parvient pas à maîtriser le rapport entre les lettres ou groupes de lettres et les sons de la parole.
La dyslexie se caractérise ainsi par une difficulté à lire de façon correcte et fluide, à décoder et comprendre un texte. Ce trouble d’apprentissage se double d’autres difficultés encore : mémorisation, mise en ordre, orientation dans le temps et dans l’espace, attention, etc. Le dyslexique, sans cesse dans l’effort pour lutter contre son handicap, apparaît ainsi pour tout arranger lent et fatigable.
Pas de déficit intellectuel ou sensoriel, pas de pathologie psychiatrique ou neurologique, pas de conditions pédagogiques anormales qui apporteraient une explication commode et rationnelle à ce trouble d’apprentissage. Alors quoi ? Si les recherches progressent plutôt vite dans le domaine, elles ne sont pas encore parvenues à maturité.
L’hypothèse majoritairement admise pour la dyslexie est une anomalie du développement de certaines aires cérébrales. Depuis le début des années 2000, de nombreuses publications scientifiques ont cependant proposé d’autres pistes, dont celle de facteurs génétiques qui agiraient en lien avec de très nombreux autres facteurs environnementaux (biologiques, linguistiques, socio-éducatifs, psychologiques…).