Plus le climat est tempéré, moins on s’adapte
Les scientifiques qui font la différence entre mortalité hivernale et mortalité due au froid ne sont donc pas des pinailleurs invétérés. En réalité, plus notre climat est tempéré, plus la mortalité est corrélée aux écarts de température.
Une étude récente (2008) menée dans le cadre du projet PHEWE a montré, sur 15 villes européennes, une relation très claire entre froid et mortalité. A chaque degré de baisse de température est associée une augmentation journalière du nombre total de morts de 1,35 % par cause naturelle, une augmentation de 1,72 % pour les causes cardiovasculaires, de 3,30 % pour les causes respiratoires et de 1,25 % pour les causes cérébrovasculaires !
Question : mieux vaut-il passer l’hiver à Québec ou Montréal qu’à Paris, Lille ou Marseille ? Réponse : oui… si l’on vit déjà à Québec ou Montréal.
Les résultats d’autres travaux, menés notamment en 2006 en utilisant une étude ville-spécifique, montrent que les populations s’adaptent plus facilement au climat local sous lequel elles vivent qu’en étant transplantées sous des climats différents en fonction des saisons.
Cette acclimatation peut être due à une adaptation physiologique, à des aménagements urbains et architecturaux, à des comportements individuels spécifiques ou encore à l’utilisation à domicile de moyens de chauffage (ou de climatisation). Quelles qu’en soient les raisons, on finit toujours par se débrouiller avec les caprices de la nature.
L’Homme n’aurait donc pas perdu ses réflexes ataviques, en se montrant capable de s’adapter à des situations difficiles, voire extrêmes ? Malgré les mauvaises nouvelles climatiques déferlant régulièrement sur nos pauvres consciences de terriens, voilà une information qui ne sauvera peut-être pas la planète… mais nous permettra au moins d’attendre sereinement, cette année encore, les beaux jours et les premiers coups de soleil !
Mauvais souvenirs
Histoire de geler l’atmosphère…Sur la période 1950-2006, l’hiver le plus froid n’a pas été celui de 1954, avec le célèbre appel de l’abbé Pierre, mais celui de 1962-63, avec un indicateur à - 0,1 °C, soit 5 °C en dessous de la moyenne.
La moyenne, calculée sur une toute une saison, ne rend pas compte des vagues de froid qui, pendant une durée plus ou moins longue, peuvent provoquer des pics de mortalité considérables.
Celle de 1985 restera sans doute dans les annales de la météo…Les températures ont alors atteint des valeurs inférieures à -40° dans le Doubs, - 25° à Louviers, - 23° à Troyes, Nevers ou Clermont-Ferrand, - 18° à Paris, - 7° à Biarritz !
Sur l’ensemble de la France cette vague de froid a entraîné une surmortalité exceptionnelle (+13 %), principalement par infarctus de myocarde (+17 %), accidents vasculaires cérébraux (+54 %) et pneumonies (+208 %).
Brrr !
Le froid fait sensationTous les jours, on entend les présentateurs météo nous parler de « sensation de froid ». Le petit tableau ci-dessous montre qu’il ne s’agit vraiment pas d’une sensation...
Température sous abri |
Avec vent de 30km/h |
Avec vent de 60km/h |
Avec vent de 90km/h |
0° |
-8° |
-15° |
-18° |
-10° |
-21° |
-30° |
-34° |
-20° |
-34° |
-44° |
-49° |
-30° |
-46° |
-50° |
-65° |