Le froid, un vrai facteur de risque
Si un hiver, même très doux, crée des conditions favorables au développement ou à l’aggravation de certaines pathologies, d’autres peuvent être très directement dues au froid. C’est évidemment le cas pour les hypothermies qui entrainent proportionnellement peu de décès chaque année (1%), mais frappent hélas chaque année un nombre croissant de SDF, mais qui peuvent également être entrainées par d’autres causes que les faibles températures extérieures.
Le froid est de toute façon toujours un facteur de risque supplémentaire pour toutes les pathologies qui s’épanouissent en hiver : pathologies ischémiques, accidents vasculaires cérébraux, infections broncho-pulmonaires, asthme, maladies endocriniennes, troubles mentaux, syndrome de Raynaud, gelures…
Le thermomètre a parfois bon dos et bien d’autres facteurs de risque s’avèrent plus intenses en hiver.
Ils peuvent être attribués à notre mode de vie, avec les modifications de régime alimentaire et la consommation d’alcool constatées au moment des fêtes de fin d’année.
Ils peuvent aussi être totalement indépendants de nos comportements, liés par exemple à la réduction de l’exposition aux UV solaires due au raccourcissement de la période diurne…
Plus le climat est tempéré, moins on s’adapte
Les scientifiques qui font la différence entre mortalité hivernale et mortalité due au froid ne sont donc pas des pinailleurs invétérés. En réalité, plus notre climat est tempéré, plus la mortalité est corrélée aux écarts de température.
Une étude récente (2008) menée dans le cadre du projet PHEWE a montré, sur 15 villes européennes, une relation très claire entre froid et mortalité. A chaque degré de baisse de température est associée une augmentation journalière du nombre total de morts de 1,35 % par cause naturelle, une augmentation de 1,72 % pour les causes cardiovasculaires, de 3,30 % pour les causes respiratoires et de 1,25 % pour les causes cérébrovasculaires !
Question : mieux vaut-il passer l’hiver à Québec ou Montréal qu’à Paris, Lille ou Marseille ? Réponse : oui… si l’on vit déjà à Québec ou Montréal.
Les résultats d’autres travaux, menés notamment en 2006 en utilisant une étude ville-spécifique, montrent que les populations s’adaptent plus facilement au climat local sous lequel elles vivent qu’en étant transplantées sous des climats différents en fonction des saisons.
Cette acclimatation peut être due à une adaptation physiologique, à des aménagements urbains et architecturaux, à des comportements individuels spécifiques ou encore à l’utilisation à domicile de moyens de chauffage (ou de climatisation). Quelles qu’en soient les raisons, on finit toujours par se débrouiller avec les caprices de la nature.
L’Homme n’aurait donc pas perdu ses réflexes ataviques, en se montrant capable de s’adapter à des situations difficiles, voire extrêmes ? Malgré les mauvaises nouvelles climatiques déferlant régulièrement sur nos pauvres consciences de terriens, voilà une information qui ne sauvera peut-être pas la planète… mais nous permettra au moins d’attendre sereinement, cette année encore, les beaux jours et les premiers coups de soleil !