Le grand retour des grosses erreurs
La France en surrégime
Il n’y a pas que les séries télé qui se déclinent en « saisons ». Dès les premiers beaux jours, les nouveaux régimes amincissants font leur apparition et s’ajoutent aux anciens. Saisons 1, 2, 3, 4… un petit (mauvais) goût de déjà vu.
D’un côté, des Pouvoirs publics qui fustigent, à juste titre, des tendances au surpoids annonciatrices d’une société d’obèses et de malades. De l’autre, les mêmes autorités qui s’attaquent, aussi justement, aux chantres de la maigreur excessive, voire de l’anorexie.
Pas trop maigre, pas trop grosse… une sacrée fenêtre de tir s’ouvre aux grands gourous du culte de la minceur qui prêchent indifféremment leurs cures sado maso ou leurs régimes sans peine.
L’image pèse lourd dans la balance
Cette année encore, pas de doute : des centaines de milliers de fashion victims vont rêver de fondre comme neige au soleil avant que n’expire le dernier délai du premier jour de plage.
C’est tentant : comment ne pas préférer l’image d’une attirante naïade en string à celle d’un échantillon de charcuterie corse… ? Pour tous les escrocs de la taille mannequin, on peut dire que c’est du gâteau.
Il n’est pas si simple que cela de définir le surpoids ; du moins chacun peut-il en avoir une idée très personnelle. Est-ce l’aspect de notre silhouette, ces quelques bourrelets disgracieux qui nous gagnent souvent à partir d’un « certain âge », ou la froide analyse de notre Indice de Masse Corporelle (voir encadré « bilan pondéral : lourd passif ») ? Quelle que soit la définition, la première des réponses n’est assurément pas de se lancer à l’aveuglette dans un régime qui, nous le verrons plus loin, peut comporter davantage d’inconvénients ou de risques à long terme que de bénéfices immédiats.
Séparer le bon gras de l’ivraie ?
Les inconditionnels du poids de forme ne l’ont pas vue venir… Au milieu d’un unanimisme touchant, pourfendeur de mauvaise graisse, une étude réalisée par deux chercheurs américains vient de remettre en cause bien des certitudes, au risque d’ailleurs de générer quelques effets pervers au pays des populations « over sized », voire au-delà.
Les Dr Rogers Unger et Philipp E. Scherer, tous deux exerçant à l’Université de Dallas (Texas), ont en effet publié les résultats de leurs hérétiques travaux dans la livraison du mois de mars de « Trends in Endocrinology and Metabolism ».
Pourquoi hérétiques ? Parce que ces deux scientifiques reconnus y développent la thèse que la surcharge pondérale, loin d’avoir les effets néfastes que le monde entier lui attribuait jusque là… pourrait au contraire s’avérer positive, qu’elle aurait même durablement des effets protecteurs pour l’organisme !
Explication : les lipides, molécules indispensables à la vie, deviennent hautement toxiques si elles sont ingérées en trop grandes quantités. En réaction, l'organisme développerait alors une stratégie de défense en dérivant ces molécules vers un tissu adipeux en construction, protégeant ainsi le reste du corps. La prise de poids et ses conséquences négatives ne sont pas mises en doute, mais cette prise de poids constituerait, pendant plusieurs années, un mécanisme protecteur. CQFD…