Mieux vaut tard que jamais
On connait la chanson : les bonnes résolutions, comme les promesses, n’engagent que ceux qui les écoutent. Demain, on mange équilibré, on se couche tôt, on ne fume plus… Au fait, quand est-ce que l’on rase gratis ?
Les bonnes résolutions, c’est très pratique. Elles permettent d’effacer tout ce qu’on a pu légitimement invoquer pour ne pas tenir les précédentes, et de formuler avec aplomb tout ce qu’on rêverait d’accomplir à partir de dorénavant et jusqu’à désormais.
Nous sommes entrés dans la catégorie des années symboliques. Elles le sont toutes (vérifiez les archives astrologiques d’Elisabeth Tessier). D’accord, on est loin dans ce domaine du mythique « An 2000 » avec son cortège de fantasmes de science fiction, ses bugs informatiques fantômes, ses éclipses annonciatrices de fin du monde et sa collectionnite aiguë d’objets millésimés.
Le cimetière des bonnes résolutions
Demain, j’arrête. Cette fois, je m’y mets… On va voir ce qu’on va voir ! C’est tout vu : 9 fois sur 10, on continue de plus belle à faire ce que l’on avait juré d’arrêter et, évidemment, on arrête pitoyablement ce que l’on avait promis de faire. Dans le pire des cas dès le lendemain de sa promesse ; dans le meilleur, à l’issue des quelques semaines qui suivent.
Est-ce vraiment le lieu pour le dire [tant pis !] mais la santé est le plus fréquenté cimetière à bonnes résolutions de nos sociétés humaines depuis des millénaires. Quoi de plus étrange puisqu’il s’agit avant tout de prendre soin de soi ? Nos bonnes résolutions sont en effet principalement égoïstes. Entre le désir de se maintenir en forme et celui, par exemple, d’être un peu plus sympa avec sa belle-mère, la hiérarchie des priorités est vite établie. Ne concernant que nous, nos auto-engagements ne dépendent aussi que de nous. C’est le souci car, hélas, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, même si le passage par l’étape volonté est une condition sine qua non de réussite.
Reprenons : j’ai donc - sans remords pour ma belle-mère - décidé de me faire du bien et je vérifie rapidement que cela exige un effort, nécessite des contraintes, oblige à une concentration totalement hors de proportion avec l’enjeu que je m’étais fixé. Au lieu d’être plus heureuse ou heureux, je suis deux fois plus perturbé(e) qu’avant. Fin de l’expérience et rendez-vous au prochain réveillon, à la prochaine décennie ou au troisième millénaire.