Sur la toile, tout va vite. A tel point d’ailleurs que les résultats des études menées auprès des publics adolescents s’avèrent souvent dépassés avant même d’être rendus publics. L’une de ces études, présentée à la toute fin de l’année dernière, présente cependant le double avantage de ne pas être décalée par rapport à notre réalité en cette période de rentrée et de concerner plusieurs pays.

Neuf nations européennes - Belgique, Danemark, Estonie, France, Grèce, Italie, Pologne, Portugal et Royaume-Uni - associées au Québec, ont en effet effectué une recherche conjointe sur les jeunes de 12 à 18 ans et leurs relations aux médias électroniques (Internet, téléphonie mobile, jeux en ligne).

Ecole du Web et Web maison

La conclusion la plus frappante de cette vaste étude concerne sans doute les énormes différences existant entre les usages de l’Internet à la maison et à l’école. Dans tous les pays, Québec inclus, c’est un véritable fossé qui s’impose en termes de fréquence d’utilisation, d’accès, de régulation, d’apprentissage et de développement d’aptitudes, de type d’activités.

Les données montrent même que c’est d’un gouffre qu’il s’agit. Les fonctions importantes pour les jeunes n’existent que hors de l’école. Et il s’agit de l’essentiel de leurs apprentissages (seuls et avec leurs camarades). Pourquoi ? En grande partie -  selon les membres du groupe de travail -  parce que les écoles restreignent l’accès, interdisent certaines pratiques sans réelle nécessité, ne reconnaissent pas la fonction communication d’Internet. Parviennent-elles alors à transmettre les compétences de recherche documentaire, d’évaluation des sites, de recherche et de production créative qui devraient être les plus importantes pour elles ? Hélas, pas davantage.

On note clairement, quel que soit le pays concerné, que les jeunes ne peuvent acquérir les savoir-faire nécessaires dans de bonnes conditions. Parfois, comme en France, ils se révèlent des usagers sophistiqués de l’Internet, comprenant bien les aspects moraux et culturels, mais parfois ils font preuve d’une conscience beaucoup plus faible, surtout en ce qui concerne les questions d’ordre légal.

La santé ne tient plus qu’à un seul Fil

Alors que le politiquement correct présente comme illimité le potentiel créatif des nouveaux médias, on constate au contraire que cet aspect est réduit et que seuls une minorité de jeunes développent par exemple des sites personnels ou des blogs. Lorsqu’elles existent, ces créations peuvent facilement être laissées en sommeil. Il meurt aujourd’hui davantage de blogs qu’il ne s’en crée.

Il n’en reste pas moins que les mails, les messageries « tribales » comme MSN, les innombrables forums et chats, les communautés virtuelles sont autant de moyens de se raconter, de reprendre le dessus lorsque rien ne va plus, d’aider ceux qui vont mal.