Selon qu'il s'agit ou non d'un self, que l'école dispose ou pas d'une cuisinière préparant les repas, que le prestataire extérieur éventuel puisse ou non fournir des menus adaptés, les enfants s'intégreront plus ou moins au système en place.

Avec en filigrane, le risque d'accident directement imputable au gestionnaire, le principe de précaution l'emportera toujours. Résultat, une politique de prudence absolue pourrait conduire l'école à refuser l'admission de l'enfant allergique… encourageant ainsi les parents à ne pas déclarer cette allergie et à faire courir à leur progéniture des risques accrus!

Et quand c'est vraiment grave?

Il n'est pas toujours possible de fondre les cas particuliers dans l'intérêt général, même avec beaucoup de volonté. Les enfants souffrant par exemple de polyallergies (lait, œufs, poisson, etc.) ne peuvent jamais bénéficier des repas classiquement servis aux autres enfants. Même si la municipalité acceptait de prendre la responsabilité de préparer des plats spécifiques (hypothèse déjà hautement improbable), le coût des aménagements matériels nécessaires et le risque de sacrifier la diversité et l'équilibre des menus collectifs suffiraient légitimement à l'en dissuader.

Le panier repas constitué par les parents et consommé avec les autres enfants à la cantine constitue la meilleure solution. Elle est d'ailleurs la plupart du temps adoptée en cas d'allergie sévère, pour permettre de limiter les responsabilités légales des autorités et les conséquences psychologiques liées à l'exclusion de l'enfant de la collectivité. Pourtant, comme toujours, certains rivalisent d'ingéniosité dans l'interprétation du sacro-saint principe de précaution et découragent les parents en leur imposant de fournir – outre le repas complet - les couverts, l'assiette, le verre et même l'eau du petit allergique. De quoi donner des boutons, effectivement.

Malade et comme les autres

Des textes réglementaires importants permettent aujourd'hui de faciliter la scolarisation des enfants malades. C'est le cas du Projet d'Accueil Individualisé (PAI) qui concerne également les enfants allergiques. Il s'agit d'une démarche entreprise par les parents auprès du directeur d’établissement sur la base d'un certificat médical.

Le PAI, établi par le médecin scolaire, précise les adaptations à apporter à la vie quotidienne : régime alimentaire, prise de médicaments, interventions médicales et paramédicales, activités incompatibles avec l’état de santé, soins à dispenser en cas d’urgence et suivi de la scolarité pendant les absences éventuelles, consécutives au traitement.

Attention à la bulle domestique

A la maison, les parents  peuvent avoir tendance à appliquer à toute la famille les restrictions qui s'imposent à l'enfant allergique, histoire d'estomper les différences et de gommer les interdits. En réalité, il est de loin préférable que chacun conserve ses propres habitudes alimentaires. A l'extérieur, l'enfant  vivra d'autant plus facilement son régime qu'il n'y aura pas de rupture avec la vie domestique.