mots clé : Sécurité sociale, assurance maladie, protection sociale, complémentaire santé, remboursement

Quand le système est grippé, la France éternue

Il faut sauver le soldat Sécu

Donc, notre système de santé, hier le meilleur au monde, ne serait plus aujourd’hui qu’une mécanique… grippée ! Mais doit-on vraiment jeter aux orties ce qui a été – et demeure – une référence internationale dans le domaine de la protection sociale ?

L’histoire du verre à moitié plein et celle du verre à moitié vide, tout le monde connaît. Depuis des lustres, elle sert à faire la part des optimistes et des pessimistes. Mais, entre le camp de ceux qui se contentent toujours de peu et le parti de ceux qui s’inquiètent parfois d’un rien… On n’a pas vraiment envie de trancher !

C’est vrai, les défenseurs du système de santé « à la Française » se rangent plutôt du côté de l’optimisme et font  d’abord valoir des arguments qui dépassent largement les aspects purement techniques  ou comptables. Pour eux, ce sont les valeurs de solidarité, d’égalité d’accès aux soins qui doivent continuer à primer.

Les autres, qui constatent que le contenu du verre est siphonné à la vitesse grand V, pensent que l’hémorragie financière ne peut être stoppée qu’en bouleversant profondément une organisation désormais inadaptée. Pour ces derniers, c’est précisément le déséquilibre du système qui met en jeu la justice et la qualité des soins. Bref, sur l’objectif, tout le monde est d’accord. Sur les moyens à mettre en œuvre… c’est une autre affaire !

Si notre système de santé - comme d’ailleurs l’ensemble de l’architecture de notre protection sociale -  date de l’immédiat après-guerre, il est l’héritier d’une longue histoire (le plus ancien établissement hospitalier serait l’Hôtel-Dieu de Paris, créé en l’an 650 !). L’Assurance Maladie est l’une des quatre branches de la Sécurité sociale (qui devrait en compter cinq prochainement). Sa gestion est paritaire, prise en charge donc par  des organismes composés pour moitié de représentants des employeurs et des salariés.

 

Retraite d’office pour le Sapeur Camembert

Si l’Assurance Maladie couvre aujourd’hui la quasi-totalité de la population, c’est qu’elle a été divisée en plusieurs régimes : le régime général, celui de quatre personnes sur cinq, finance environ 75% des dépenses de santé ; le régime agricole (géré par la Mutualité Sociale Agricole) couvre à la fois les exploitants et les salariés agricoles ; le régime social des indépendants assure les artisans, les commerçants, les industriels et les professions libérales. Et puis, il y a également les fameux « régimes spéciaux » parmi lesquels on va certes trouver les marins, les mineurs, les agents de la SNCF, de la RATP, d’EDF et GDF, mais aussi les ministres du culte, les députés et les sénateurs qui ne prêchent donc pas toujours pour leur paroisse…

Modèle révolu ou référence absolue ? Notre Sécu est sans doute malade, mais aucun d’entre nous n’imagine que sa santé soit limitée à une ligne dans un bilan comptable. A l’inverse, personne non plus pour encourager la gestion façon Sapeur Camembert consistant à creuser un trou pour en boucher un autre. On sait que la période s’annonce délicate et que, de plus en plus, la prévention devrait pouvoir prendre sa place dans un véritable parcours de santé, plus que dans un strict parcours de soins.

Avec un déficit qualifié « d’abyssal », l’Assurance Maladie et plus largement l’ensemble du système de soins français naviguent dans la tourmente des Quarantièmes rugissants sanitaires. Le problème est en tout cas posé sans fioritures : comment garder son âme au financement de la santé ?