mots clé : Education thérapeutique, éducation du patient, éducation à la santé, maladies chroniques

Explosion des maladies chroniques

Etre malade, ça s’apprend ?

Avec 28 millions de Français atteints de maladies chroniques, 9 millions souffrant d’une affection de longue durée et une tendance à l’explosion dans ce domaine, la question de  « l’éducation thérapeutique des patients » se pose désormais avec gravité.

Peut-on apprendre à être malade ? Tous ceux qui font profession de nous apprendre à rester en bonne santé ont parfois du mal à apporter des réponses convaincantes !

C’est le délicat chemin que semblent avoir décidé de défricher nos hautes autorités sanitaires qui révisent, à grand renfort de rapports d’experts, leurs leçons sur le sujet. Et l’on sait d’expérience que le rapport d’experts est aujourd’hui le signe indubitable, soit que des décisions politiques vont être prises incessamment, soit que le sujet pourra être enterré au prétexte qu’il a déjà été pris en compte…

Le malade imaginé

Pour bien comprendre la logique de la réflexion, effectivement engagée depuis plusieurs mois au ministère de la Santé et dans ses nombreux satellites administratifs, il faut savoir que la prévention repose sur trois approches complémentaires.

Ø  La prévention dite « primaire », englobe tout ce qui contribue à éviter la maladie ou à en retarder le plus longtemps possible la survenue : manger équilibré, avoir une activité physique, boire modérément… bref, adopter des comportements favorables à sa santé par une bonne hygiène de vie.

Ø  La prévention « secondaire » - comme son nom l’indique – se situe déjà un stade plus loin. Elle consiste à dépister le plus précocement possible les premiers signes d’apparition d’une maladie afin de pouvoir la traiter au plus tôt.

Ø  La prévention tertiaire vise à limiter les conséquences d’une maladie déjà installée, à en éviter les rechutes, voire à favoriser la réinsertion sociale des malades, guéris ou pas.

Des enjeux sanitaires et budgétaires

Les chiffres n’ont pas exactement la même signification selon que l’on parle en millions de malades… ou en millions d’euros. Les Pouvoirs publics étant amenés à opérer des rapprochements nous en abreuvent chaque jour et le phénomène va crescendo à mesure que les budgets nationaux sont votés puis exécutés.

Le déficit de la Sécurité sociale battant des records de plongée en apnée, toute décision concernant notre santé individuelle passe obligatoirement par un parallèle avec ce qu’elle coûte à la collectivité.

La prévention primaire, avec ses petits conseils d’hygiène de vie, ne pèse pas lourd dans la balance budgétaire. Difficilement évaluable (comment savoir ce qu’une campagne telle que « Mangez 5 fruits et légumes par jour » a fait réaliser d’économies à l’Assurance Maladie ?), elle restera sans doute encore longtemps le parent pauvre en termes de sommes investies et la vedette médiatique en termes de messages assénés à longueur de spots publicitaires. Toutes proportions gardées, on investit peu parce qu’on en attend peu.

La prévention secondaire, avec les campagnes de dépistage systématique devrait dans l’avenir être mieux traitée. On peut en prévoir et en chiffrer l’impact (combien de personnes dépistées, combien de pathologies repérées, combien de malades traités, combien de malades guéris). La véritable difficulté est de lutter contre une banalisation par la systématisation (dépistage du cancer du sein, de la prostate, du colon, du VIH…) qui entrainerait les taux de participation à des niveaux proches de certaines consultations électorales…

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